Le dernier avion venait de redécoller. Désormais, je n’avais plus le choix, je ne pouvais réellement plus faire marche arrière. J’avais l’impression d’être coincé dans un rêve, sans parvenir à m’en réveiller.
J’ai relevé la tête vers le paysage qui s’offrait à moi tout en resserrant le col de mon manteau autour de mon coup, haïssant mes parents de m’avoir trahi une fois de plus. D’accord, je les comprenais peut-être un peu… Mais tout de même, je ne pensais pas mériter ce qu’il m’arrivait.

Le soleil descendait lentement à l’horizon, berçant l’immensité glacée d’une teinte rosée. J’ai baillé, exténué par le vol de dix longues heures que je venais de vivre. Autour de moi, les visages étaient tous les mêmes ; ceux de personnes dubitatives aux traits tirés. Nous étions perdus, tous dans le même bateau. J’ai compris en croisant le regard d’une petite brune que je n’étais pas le seul dont l’avenir avait été décidé par des parents intolérants et stricts. L’avenir ? Celui des études, après le lycée, qui impliquaient entre quatre et sept années de travail difficile à Aurora Borealis.
Selon le prospectus qu’avaient reçu mes parents, il y a environ trois mois maintenant, Aurora Borealis était une université se situant à Naajaat, au Groenland. C’était une école très dure, ou l’on vous apprenait à devenir quelqu’un de respectable, de juste. Aucun d’entre nous ne devait avoir désiré soi-même de venir passer ses études supérieures ici…

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Le bâtiment de pierres grises se tenait, imposant, devant nous, alors que nous écoutions attentifs le discours de Mme Jasperhyde, la directrice et ancienne étudiante d’Aurora. J’y apprenais que depuis sa création, l’université était une prestigieuse école où le système grec, qui comprenait donc ces fameuses fraternités et sororités, régnait en maître.
J’avais toujours trouvé ce système parascolaire étrange et captivant à la fois. J’avais entendu dire que les différentes maisons que l’on pouvait intégrer devenaient, en réalité, une réelle famille pour ceux qui, comme nous, n’en avait plus.

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Au début, j’avais catégoriquement refusé de participer à la soirée d’intégration du campus, lorsque mon colocataire de chambre m’avait proposé de l’y accompagner. Mais une fois que je me retrouvais seul dans la petite pièce de dix mètres carrés dans laquelle nous vivions, regardant la neige tombée lentement par la fenêtre, j'ai compris avoir fait une erreur monumentale. Je décidais qu’il fallait que je mette un nom sur ce qu’était réellement le système grec.
J’ai attrapé mon écharpe et une paire de gants, et suis sorti en courant du campus, gagnant les petites rues adjacentes où se trouvaient les pavillons grecs. J’entrais dans chacun d’entre eux, prenant part aux fêtes internes qu’ils organisaient pour la soirée. Je devais bien avouer qu’ils avaient pensé à tout pour amasser le plus de nouveaux membres ; tout était grandiose.
Et puis, finissant par retrouver mon partenaire de chambre, Eliott, je pénétrais dans le dernier pavillon. A l’instant même où mon pied a foulé le parquet de l’entrée, j’ai compris que cette fraternité serait la mienne…